Une race oubliée

Même si l’appellation Old Inuit Dog est assez récente, cette race de chien est pourtant ancestrale ! En effet, comme son nom l’indique, Old Inuit Dog signifie l’ancien chien inuit.

Revenons donc aux origines….     

 Il faut remonter à des milliers d’années, lorsque le loup fut domestiqué par l’homme. Les scientifiques sont d’ailleurs tous d’accord pour dire que le chien (canis familiaris ) est de la même famille que le loup (canis lupus) pour la simple raison qu’ils peuvent se reproduire entre eux et que les nourrissons de leur union seront viables et fertiles. Selon des recherches récentes, la séparation loup-chien se situerait entre 27000 et 40000 ans avant notre ère (c’est le résultat d’études scientifiques basées sur la génétique publiées dans la revue Current Biology). Cette datation a d’ailleurs été confirmée grâce à des anciens fossiles de chiens. Saviez-vous qu’ils avaient été trouvés en Belgique et qu’ils ont plus de 36000 ans ?

Vers l’an mille…Vivant dans des contrées hostiles, les tribus nomades inuit partageaient leur vie avec leurs chiens au quotidien. Au départ, ils étaient utilisés essentiellement comme chiens d’attelage par les trappeurs. Ils les sélectionnaient donc selon plusieurs critères : puissance, endurance, robustesse, garde et sociabilité. Ces chiens de travail devaient pouvoir tracter des traineaux de charges lourdes (pouvant aller jusqu’à plus de deux fois leur poids !!) sur de longues distances par tous types de temps (souvent par des températures extrêmement froides). En plus de cette qualité, ces chiens devaient aussi protéger les villages en les prévenant de l’arrivée d’un danger (ours/loups par exemple) tout en étant des compagnons fidèles et sociables avec leurs enfants. C’est seulement vers 1896, avec la ruée vers l’or de Klondik (Canada), qu’apparaissent les premières compétitions de chiens de traineaux. La vision seule du chien de travail change peu à peu et prend aussi la forme du chien sportif. Encore populaire aujourd’hui, cette discipline est reconnue dans le monde entier.  

Plus récemment encore, d’après une étude menée par des scientifiques Suédois publiée dans la revue Current Biology et la découverte d’une mâchoire de loup dans la péninsule de Taïmyr (il y a 35000 ans), il a été démontré que le marquage ADN était similaire sur des populations de chiens nordiques au Groenland, en Alaska et au Canada. Nous pouvons donc en conclure que toutes les races de chiens de traineaux, comme toutes les races de chien d’ailleurs, ont pour ancêtre commun le loup.

Une race en cours de construction !

C’est donc seulement dans les années 2010 que l’appellation Old Inuit Dog voit le jour sous l’initiative de James ZEJNELAGIC (SE) et Simon AFTENI (MD). Ils ont eu ensemble la volonté de fixer certains critères oubliés et de renouer avec l’aspect plus lupoïde et originel de la race en regroupant l’origine de toutes les races existantes primitives de travail au traineau (Groenlandais, Esquimau Canadien, Husky de Sibérie, Malamute d’Alaska, Samoyède, Laïka). Ils définissent donc la rédaction d’un standard précis en sélectionnant des sujets fondateurs déterminants à la « renaissance » de cette race oubliée… L’Old Inuit Dog !                                         Le but de la création de cette  race est donc de revenir au côté originel du chien en repartant de l’origine de la domestication du loup.

A l’heure d’aujourd’hui, 5 élevages d’OID ont vu le jour (2 en France, 2 en Belgique et 1 en Italie). Tous travaillent ensemble, main dans la main, pour fixer les caractéristiques tant au niveau du physique que du caractère de la race. Cette alliance européenne a comme objectif commun : la reconnaissance future de la race à la FCI dans le groupe 5 des primitifs.                                                                Les deux seules races de chiens-loups reconnues à l’heure actuelle sont le chien-loup Tchécoslovaque et le chien-loup de Saarloos. Il leur a fallu, plus ou moins, 43 ans (pour l’une) et 27 ans (pour l’autre) pour faire partie officiellement des races reconnues par la FCI.

Vous l’aurez donc compris, L’OID n’en est donc qu’à l’aurore de sa création ! .

Un chien-loup… oui mais Nordique !

L’OID bien qu’ayant un physique lupoïde fait partie aussi des primitifs tels que les nordiques. Et c’est surtout cette dernière caractéristique qui le différencie des chiens-loups de Saarloos et des chiens-loups Tchécoslovaques tant au niveau de son caractère que de son physique. 

Le CLT et le CLS sont tous deux un mélange entre le Berger Allemand et le loup de type européen. L’OID est quant à lui un mélange entre plusieurs races de types nordiques (Groenlandais, Esquimau Canadien, Husky de Sibérie, Malamute d’Alaska, Samoyède, Laïka) et le loup américain.                                                                       

Son port de tête fier et haut rappelle celui du loup Arctique. C’est donc de cet ancêtre qu’il tire une allure lupoïde impressionnante, une poitrine haute, des oreilles petites/triangulaires et une queue attachée haute, épaisse et fournie. D’une taille imposante, l’OID a un corps puissant et musclé reposant sur des aplombs fermes lui conférant ainsi une prédisposition sportive. Il possède une fourrure épaisse, parfois rêche avec un sous-poil abondant. Concernant la robe, toutes les couleurs sont admises : de l’agouti ou gris loup, du solide noir au solide blanc, du bleu solide ou bleu faune, du roux à l’isabelle… (chaque sujet ne peut concourir que dans sa catégorie de couleur et de longueur de robe )                 

Le poids doit toujours être en harmonie avec la taille du sujet : les mâles sont masculins, sans jamais de lourdeur ; et les femelles sont féminines, sans aucune faiblesse structurelle…                                       

En résumé, son allure doit être élégante et aisée (pour le côté lupoïde) tout en sachant supporter une charge modérée à lourde (pour le coté nordique). 


Qui dit « Nordique » dit « Sportif » ?

L’OID, par sa construction et ses aplombs solides, est bâti pour l’endurance et le travail de traineau. Il est donc un partenaire idéal pour les sports canins tels que le cani-cross, le cani-vtt, la cani-randonnée, le mushing (tracter des traineaux). Toutes ces activités permettent de dépenser physiquement nos chiens toute race confondue. Il ne faut pas non plus oublier son côté prédateur : repérer une proie et la poursuivre grâce à son flair. La chaine de la chasse est souvent complète chez les chiens-loups.  

 Le mantrailing (rechercher une personne disparue) sera donc une discipline intéressante à exercer avec lui. La recherche olfactive est très énergivore : le chien fait travailler son esprit en plus d’utiliser son nez. Cette activité répond donc vraiment bien à ses besoins.                

Le physique et le mental ? L’un ne va pas sans l’autre !                   

Son implication et sa ténacité dans l’effort font de lui un animal passionné et infatigable.                                                                                          

 Mais ce n’est pas pour autant que l’OID n’aime pas non plus son petit confort : il pourra se blottir à vos côtés dans le canapé. Que cela soit faire du sport, aller se balader en forêt, se coucher dans le divan…du moment que son référent est présent, il sera heureux !!


Un physique captivant mais pas seulement…

L’Old Inuit Dog est une race qui dégage puissance et respect par son allure très lupoïde. Mais sous ce « manteau de prestance naturelle » se cache un cœur tellement tendre. L’OID comme tout type de chien-loup est un être très sensible (sous-entendu intuitif, émotif, réceptif, affectueux). Il lui faudra donc un référent qui n’essayera pas de le brusquer, qui sera attentif à ses besoins et qui aura la patience de prendre son temps ! Car de par son côté lupoïde, l’OID peut être méfiant et réservé vis-à-vis des étrangers, mais toujours sans aucune agressivité (il préférera s’éloigner de lui-même). C’est pour cette raison que, dès son plus jeune âge, il faudra créer un lien fort de confiance réciproque entre lui et les membres de sa famille humaine (en plus d’une bonne sociabilisation). Comme certaines races de chiens-loups, il pourrait être aussi plus avenant envers les femmes que les hommes (question d’hormone), même au sein de sa propre famille.                                            Fidèle, gentil, doux et affectueux tout en étant parfois indépendant sont d’autres traits de caractère qui le définissent. Bien souvent, il viendra de lui-même pour vous faire une séance de papouilles (câlins et léchouilles garantis) et reviendra lorsque vous l’appellerez SI son côté primitif n’est pas animé/enclenché par des stimuli tels qu’un gibier, un papillon, une feuille qui s’envole, … En tant que référent, il faudra toujours essayer d’être plus intéressant que son environnement (c’est un exercice qui demande beaucoup d’heures de travail, d’investissement, de pratique au quotidien sans jamais être à l’abri d’une « rechute ») !                                                                 

L’OID est aussi un chien très sociable avec ses congénères (toute race confondue). Il l’est aussi avec d’autres animaux tels que les chats, les poneys, les chevaux,….si il a été habitué et mis en contact très jeune. L’instinct de prédation peut être plus ou moins présent chez certains OID ; ce qui rend en effet la cohabitation impossible avec les volailles, les rongeurs, les volatiles (les petits animaux).         Tout comme son ancêtre le loup, l’OID est un chien de meute. Celle-ci comprendra les humains et les congénères faisant partie de la même famille. Un OID pourrait vivre sans un autre chien à ses côtés si, et seulement si, vous lui offrez une vie dans laquelle une présence humaine est plus qu’indispensable et qu’il aura aussi la possibilité d’assouvir ses besoins de contact avec ses congénères. Si cela n’est pas respecté, l’OID pourrait devenir destructeur par ennui et/ou pourrait essayer de fuguer. L’envie d’aventures et d’explorer les environs est présente chez la plupart des races de chiens-loups, l’OID ne fait pas exception à la règle ! C’est pour cela qu’une bonne infrastructure extérieure est primordiale pour sa sécurité : des clôtures de 2m de haut, avec retours en haut et en bas (l électricité est un +) le dissuaderont de vouloir aller vagabonder. Lorsqu’il restera seul, un chenil extérieur ou une pièce « vide » lui étant réservée (pas de possibilité de détruire meubles, divan, voiture si dans le garage…) seront nécessaires. Si travaillés positivement au préalable, ces environnements le rassureront comme étant sa tanière/ sa maison. Il s’y rendra de lui-même suivant ses envies et besoins (trop de monde, trop de bruit,…) et s’y sentira en toute sécurité lors de vos absences.


Adopter un OID ?

Un investissement au quotidien !

Vous l’aurez compris, l’OID ne correspond pas à tout le monde…

Même si ce chien vous attire par son physique typé loup ; serez-vous prêt à le rendre  heureux en comblant tous ses besoins ?

Anticiper son arrivée

- Votre métier vous permet-il d’avoir assez de temps à lui consacrer ?

-Quel style de vie pouvez-vous lui offrir ?

- Avez-vous beaucoup de patience (oui oui…il en faut !) ?

- Son caractère/comportement est-il compatible avec le vôtre ?

- Faut-il prévoir de rehausser vos clôtures ?

- Où va-t-il rester lors de vos courtes absences ? /  Qui va le garder lors de vos longues absences?

- Êtes-vous prêt à vous investir dans une relation qui pourrait durer une quinzaine d’années ?


Créer le lien : avoir du temps à lui consacrer.

Le lien que vous allez créer avec votre OID lors des premières heures, premiers jours et premiers mois est très important voir PRIMORDIAL pour votre relation future. Lorsque le chiot arrive chez vous, il a quitté sa mère, sa fratrie, ses repères et c’est donc normal qu’il ne soit pas à l’aise dans son nouvel environnement. Créer le lien (relation de confiance réciproque) commence dès le moment où vous allez le chercher pour le ramener chez vous. En tant que chiens-loups, il leur faudra plus de temps (beaucoup plus de temps qu’une autre race de chien) pour être en totale confiance avec vous. Selon le caractère, cela peut prendre de 2/3 jours à plusieurs mois… C’est en travaillant positivement votre relation que la confiance se gagnera !                                                                            

L’OID est un chien de meute. Il fera donc confiance (lorsque le lien est créé) à sa famille humaine et canine en premier lieu. La deuxième étape, qui prendra encore plus de temps, sera de faire confiance au reste de la famille et amis… sans le brusquer et à son rythme. Les deux premiers mois dans sa nouvelle famille seront très importants pour sa vie future. C’est à ce moment qu’il faut l’emmener partout (lui faire découvrir, toujours de manière positive, de nouveaux environnements, de nouvelles personnes, de nouveaux congénères, de préférence adultes et bien codés, de nouvelles expériences) pour qu’il puisse une fois à l’âge adulte être prêt à affronter de nouvelles situations en toute sérénité.

Une sociabilisation de votre chiot bâtie dans le respect et la bienveillance formera un chien adulte bien dans « ses patounes ».


RESPECT - AMOUR – PATIENCE – CONFIANCE - BIENVEILLANCE sont les mots clés pour entamer une belle complicité!

Reconnaitre et accepter son côté primitif.

L’OID se situerait dans le groupe 5, celui des primitifs. Cela signifie que ce n’est pas du tout un chien de berger (tel que le Malinois ou le Berger Allemand) qui vous écoutera au doigt et à l’œil. Il se désintéressera rapidement des cours d’éducation en club canin car il n’y verra (pour lui) aucun intérêt. « Faire des assis-couché-debout/retour en place/marche au pied » ce n’est pas pour lui ! Il préférera de loin les longues randonnées, les sports de traction, le pistage… Ce sont des activités faites pour lui qui combleront ses besoins physiques d’une part et son côté prédateur de l’autre. L’OID, tout comme son ancêtre le loup, a en lui l’instinct de prédation. Vouloir qu’il cohabite avec les lapins et les poules dans votre jardin, les hamsters dans la maison n’est pas une possibilité à envisager !  Il y a bien sûr des exceptions mais elles sont rares et mieux vaut prévenir… Aller se baigner en rivière, faire une sieste dans le canapé,… sont aussi des activités qui le combleront par le simple fait de votre présence à ses côtés!

Choisir de vouloir adopter un chien-loup n’est pas une décision à prendre à la légère comme vous avez pu le constater. C’est une réflexion qui doit être mûrement réfléchie pour son bien-être et le vôtre aussi.  L’OID vous apprendra la patience mais développera surtout votre capacité à vous remettre en question ! Si vous êtes quelqu’un de passionné, qui sait faire preuve de patience, qui ne recule pas au moindre souci et qui se donne les moyens d’avoir un environnement sécurisé, vous mettrez toutes les chances de votre côté pour créer une belle relation de complicité avec votre OID ; ce sont des chiens dotés d’une grande sensibilité qu’il faut respecter pour ce qu’ils sont vraiment : des chiens-loups extraordinaires!